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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 16:08

Audierne, Cleden, Plouhinec, Pont-Croix, Plogoff : Obsèques et pratiques. Editorial N°4






Eglise de Saint Julien (Plouhinec)

Références

La Croix du 24-10-2008: la pastorale des funérailles
Le Figaro du 31-10-2008: ces enterrements célébrés par des laïques....
Le Télégramme de Brest  du 01-11-2008: Obsèques.Les pratiques évoluent....

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Les  fêtes de la Toussaint  voient tous les ans les sépultures familiales se couvrir de fleurs dans les cimetières. Cette remarque ne vaut que pour les tombes régulièrement entretenues, ce qui est tout de même (on pourrait dire encore) le cas le plus fréquent en Cap-Sizun. Pays de tradition et de culture, imprégné de religion catholique, notre belle région n'échappe toutefois pas aux influences , aux  modalités et mentalités nouvelles, particulièrement en raison de la diminution du nombre de prêtres. Il y a seulement 25 ans, les paroisses (correspondant aux communes) étaient activées par un curé résidant. Aujourd'hui, le Cap-Sizun se compose de 2 ensembles paroissiaux: Cap nord et Cap sud dirigés chacun par un membre du clergé en activité. D'ores et déjà, les offices du dimanche sont parfois remplacés par des cérémonies animées par des laïques (ADAP: assemblée dominicale en absence de prêtre). Si la présence d'un prêtre est nécessaire pour l'administration d'un  des 7 sacrements de la religion catholique: Baptême, Eucharistie, Confirmation, Réconciliation (ex confession), Mariage, Onction des malades,  elle n'est effectivement pas indispensable lors d'une cérémonie d'obsèques qui ne relève pas des sacrements. Pas indispensable certes, mais libre à chacun de considérer qu'elle est souhaitable pour de vraies obsèques religieuses. Il n'est bien entendu pas question de faire le procès des laïques engagés pour pallier au manque de prêtres, bien au contraire, mais le problème n'a pas échappé aux quotidiens cités en référence qui y ont consacré chacun un article.
Le texte du "Figaro" est sans doute le  plus significatif : il cite le cas d'un "croyant non pratiquant" qui ne supporte pas l'idée qu'un bénévole,
"tout dévoué
soit-il, se substitue au prêtre pour son dernier voyage. D'autant qu'il n'a toujours pas digéré de voir son ami Paul, se faire enterrer par son voisin qu'il détestait".
Il est évidemment très facile de réfuter ce point de vue en se référant  aux "Ecritures", puisque on ne peut détester son voisin en fonction des commandements qui ordonnent: 
- de s'aimer les uns les autres ou
- de pardonner à ceux qui nous ont offensés.... 
Notons encore que, toujours selon "Le Figaro" ce
"sacerdoce laïque est décrié par beaucoup de familles , mais aussi par les traditionalistes qui jugent qu'il cache une volonté délibérée de désacralisation et......"

Quant au Télégramme de Brest, il donne la parole à une sociologue. A la question : quelles sont les raisons de l'évolution vers des obsèques à la carte, elle répond:
la société évolue vers une individualisation croissante. mais concrètement, c'est le désengagement de l'église qui explique cette personnalisation
Enfin à la question: est-ce la fin des rites:
Non. 80% des obsèques se déroulent à l'église....



Le cimetière et le calvaire de Saint Tugen (Primelin)


Certes , certes. Mais, en dehors de la sacralisation des membres du clergé, ce qui les différencie des laïques, la hiérarchie religieuse veille à affecter généralement les chefs de paroisses à quelque distance de leur lieu de naissance, ce qui leur permet de ne pas être directement mêlés à l'histoire locale et à ses contentieux. Ils sont au dessus du lot et qui plus est sacralisés.
Leur ministère est incontestable et les confessions leur donnaient autrefois une connaissance exceptionnelle de leurs ouailles. 
Aujourd'hui, on peut imaginer qu'une famille pourrait refuser la présence active d'un bénévole issu de la famille de son "ennemi héréditaire" comme il en existe encore dans nos belles campagnes, parfois pour des histoires ancestrales dont personne ne se souvient exactement ( voisinage, rivalités, évènements locaux, héritages, divergences politiques etc...). C'est l'exemple cité par "Le Figaro". En Cap-Sizun, Plogoff a encore des souvenirs et des traces. En d'autres temps, on a vu une famille refuser d'entrer dans l'église pour des obsèques célébrées par un prêtre assermenté. Elle voulait un réfractaire. Si l'on ajoute que l'Onction des malades est un sacrement, on peut encore imaginer un pratiquant  qui aura manifesté le désir de recevoir l'Extrême Onction  avant sa mort pour être ensuite incinéré sans cérémonie dans l'intimité. Les obsèques seront dans ce cas presque civiles mais le défunt (croyant) aura préalablement préparé son passage en recevant le dernier sacrement.  La messe du dimanche suivant  pourra être célébrée à son intention et les croyants  ainsi que les paroissiens auront ainsi la possibilité de participer à l'Eucharistie, conformément à leurs croyances. Gageons que nous risquons de voir apparaître cette nouvelle formule, dans un avenir pas si lointain, puisque actuellement dans le diocèse de Quimper l'Eucharistie est réservée aux membres du clergé et leur famille, avec une exception pour les péris en mer. Quid pour les bénévoles engagés au service de leur paroisse, pour les soldats tués au combat, pour les accidentés du travail, pour les victimes d'une catastrophe, de tortures ou d'une prise d'otages, pour toutes les victimes quelles qu'elles soient, liste non exhaustive ?  Mais exception signifie inégalité devant la mort, pour ne pas dire discrimination. Si l'on en croit "Le Figaro", 80% de Français désirent une cérémonie pour leurs obsèques: 55% la souhaitent religieuse et 25% seulement civile (sondage IPSOS pour Paris). Dans nos belles campagnes, donc en Cap-Sizun, les obsèques sont majoritairement religieuses. Mais, si on justifie les obsèques religieuses dans leur forme actuelle par la participation des paroissiens, la conséquence immédiate est l'élimination des obsèques dans l'intimité. En effet, lors de ces obsèques dans l'intimité, la notion de participation des paroissiens n'est pas considérée. La justification avancée est donc sujette à caution. A moins que  certaines cérémonies d'obsèques dites religieuses ne relèvent plus du respect des habitudes que des croyances, ce qui n'aurait rien de surprenant. Il s'agirait alors plus de la tradition que de convictions personnelles et profondes du défunt autrement dit  la foi.
On entend dire parfois, à propos des pardons par exemple, qu'ils représentent un mélange de foi et de tradition. Cette affirmation vaut aussi pour les obsèques religieuses, autrefois réparties en plusieurs classes selon le niveau social du défunt: nombre de prêtres, nombres de croix, veillées funèbres, décoration du corbillard etc....Dans tous les cas, même pour les plus modestes, on célébrait une messe d'enterrement avec Eucharistie et le prêtre accompagnait le défunt jusqu'au cimetière.
Aujourd'hui, incinération, dispersion des cendres etc...

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Références: le quotidien "la Croix" en date du 24-10-2008
Titre de l'article: La pastorale des funérailles
Extrait de l'article


Différentes possibilités de célébrations:
La "station " à l'église pose la question du choix ou non de la messe pour la célébration des obsèques , dont il faut rappeler qu'elle n'est pas un sacrement. Si le défunt était éloigné de l'église, ou par manque de prêtres, il n'y a pas d'Eucharistie. La célébration peut alors être conduite par un diacre ou même des laïcs. Le nombre de messes  pour les obsèques diminue en France, mais varie sensiblement selon les diocèses puisque à  Paris, presque toutes les célébrations de funérailles comportent l'Eucharistie grâce au nombre plus important de prêtres. Alors que dans le Nord ou le Sud-Est, elles se font plus rares. Même en l'absence de messe, la référence à l'Eucharistie demeure nécessaire, comme signe essentiel de la Résurrection. Dans ce cas, une messe est toujours prévue l'un des dimanches suivants pour le défunt,
en présence de la communauté paroissiale


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 Foi ou tradition ou mélange des deux, la question est posée !! La réponse se trouverait peut-être dans une période transitoire, soit Eucharistie exclusivement sur demande exprimée par le défunt avant son départ dans la mesure de la disponibilité des prêtres. A méditer !! Mais,..... ne rêvons pas .... L'Eglise est hiérarchisée et l'obéissance est la règle. Il faut toutefois noter la différence qui existe entre un défunt de Paris et un défunt de province puisqu'à Paris presque toutes les célébrations de funérailles comportent l'Eucharistie. Un vrai croyant, désirant l'Eucharistie à ses obsèques devrait donc décéder de préférence à Paris plutôt qu'en province.
 Egalité devant la mort ???? Il y a sans doute un problème !!!!



Alors il faut laisser du temps au temps, en souhaitant à chacun un "Passage " aussi proche que possible de ses souhaits et plus encore de ses convictions ...!!!




Collégiale de Pont-Croix





   Chapelle de Saint They à la Pointe du Van (Cleden)



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Je dédie cet article aux soldats qui sont morts sous mes ordres en Algérie, et plus particulièrement à un sous-lieutenant rappelé, séminariste de son état,
 tué le 19 juin  1956. Il avait 27 ans.
Grièvement blessé lors de la prise de contact, ce sous-lieutenant a reçu sur le terrain l'Absolution donnée par un autre officier rappelé, Père Dominicain dans la vie civile. J'ai assisté à cette scène poignante, tout en dirigeant l'atterrissage de l'hélicoptère chargé de l'évacuation sanitaire.
Le blessé est mort pendant le trajet vers l'hôpital. A la suite de cet accrochage très violent, le commandement a fait intervenir 
 la Légion Etrangère (5ème REI)   

Philippe  était sans doute promis à un bel avenir, son voisin de lit au dortoir du séminaire étant devenu Archevêque.
Salut Philippe !!

Je voudrais aussi associer à cet article le souvenir de deux amis récemment disparus, l'un en novembre 2002, l'autre en octobre 2008. Ils ont eu tous les deux des obsèques religieuses auxquelles j'ai participé en tant qu'intervenant, à la demande des familles.
Salut Yves et Jean-Pierre


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chapelle de Langroas (Cleden)

 

D'an anaon, roit va Doue...(Donne à nos morts , mon Dieu)

Peoc'h ha diskuiz' vid atao.....(Paix et repos pour toujours)

 

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Cloches des morts (Glas) et

Dies Irae, Dies Illa.....(jour de colère, ce jour là)

 

(Musique de Hector Berlioz: la Symphonie Fantastique)

 

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                                                                                   Presbytère d'Esquibien
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